Selon les prévisions, les astres du R’N’B devraient briller sur Jäde…
Si ses deux précédents projets, Première Fois et Romance, présentaient déjà une artiste capable de raconter la pluie et le beau temps avec une écriture habile, sa nouvelle mixtape Météo, produite et réalisée par le prolifique Guapo du Soleil, assoit son style et son personnage.
« Réponds aux messages, avant d’enclencher un orage » Quand le ciel est gris et que le tonnerre gronde, c’est que les hommes ont une nouvelle fois éconduit Jäde…
Véritable obsession dès son premier EP, ses relations avec la gent masculine nous émeuvent, malgré quelques traits d’esprits qui allègent l’atmosphère (« 3h du mat sur Twitter, j’envoie #MENARETRASH / ouais, j’ai quinze ans d’âge mental, j‘en ai rien à faire »). Les hommes mentent, s’enfuient, parlent trop (Tais-toi) ou pas assez (Reflets Rouges) mais sont surtout fatalement décevants dans une ère où les interactions digitales sont devenues routinières et fades (« On se déshabille, on se désabonne »). Parfaitement consciente de ses propres travers, Jäde chante également son imperfection, sa naïveté (« Bon acteur » avec la sensation J9ueve), ses torts (« Numbers » avec le rappeur du 94 Enfantdepauvres) avec une interprétation beaucoup plus grave que d’accoutumée. Audacieuse dans ses choix de productions, servies par Unfazzed, Kofi Bae ou Paco Del Rosso, Jäde ose les grands écarts entre soleils et intempéries : de la trap, son style de prédilection (Tais-toi, Lipstick) au R’N’B (Bon acteur, Numbers), des envolées rock (Reflets rouges) aux rythmiques chaloupées (Météo, #Menaretrash).
Dans son écriture, comme dans son interprétation, Jäde a pris du galon et s’assume indépendante et libre, comme dans J’boss, Lipstick ou Parfaite, épaulée de la frénétique new yorkaise DonMonique. Entre soleils et nuages noirs, un rayon lumineux se dégage de la mixtape Météo. En guise d’outro, Grand Bain, accompagnée d’une légende du rap francophone, Oxmo Puccino, Jäde prend à partie son auditeur et l’invite à un voyage merveilleux : « Ne veux-tu pas voir ce qu’il y a ailleurs ? ».
Une aventure vers un trésor intérieur, la découverte de qui l’on est vraiment, délesté de nos chaînes.
Un bulletin météo que même Catherine Laborde aurait aimé présenter.
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